Un début 2022 qui ne rassure pas tant sur la suite. Attendons, bien sûr, patience il faut. Il y a, cependant, des signes avant-coureurs. Des hésitations qui se manifestent d’emblée. Des résolutions qui faiblissent déjà. Il y a, surtout, ce qui détourne de l’essentiel, une actualité brusque et diverse qui impose, presque, digression. Qui vient supplanter l’urgence et faire perdre moyens et temps.
Il n’y a pas deux semaines, à l’orée du nouvel an, il y avait comme un espoir d’accord autour des questions prioritaires pour le pays. Partisans et adversaires du «25-Juillet» semblaient disposés à faire halte, du moins pause, pour chercher une solution commune aux problèmes réels actuels de l’économie et de la pandémie. Illusion. Rien qu’illusion. En lieu et place, en seulement quelques jours, il y a eu d’autres «affaires», d’autres «pôles d’intérêt». D’importance ? N’exagérons pas. N’exagérons rien.
La «résidence surveillée» de Noureddine Bhiri, sa grève de la faim ? Dérangeantes, sans doute, précipitées, mais, reconnaissons, pas au point de mettre le monde sens dessus dessous. Pas au point de supplanter une économie aux abois, et une pandémie encore à la recherche d’issue. Qui plus est, Bhiri n’est pas exempt de suspicion. L’argument de «l’innocence jusqu’à décision de justice» n’est tout de même pas absolu. Qui plus est, la crise économique presse, et celle sanitaire est tout sauf proche de son dénouement. On patauge en plein risque, Messieurs ! Le FMI exige un accord entre Ugtt et gouvernement, alors que la rupture est quasiment consommée. Inquiétude, de même, au sujet de la vague Omicron. Pis, du flou, pour l’heure que du flou. La plus grosse crainte est que l’on ne nous révèle pas tout sur les vaccins. L’Omicron fauche par millions, peut-être autant de non vaccinés que de vaccinés. Imaginons que cela soit la vérité, la pure vérité. Imaginons qu’il nous faille, qu’il faille au monde entier, rebrousser chemin, repartir à la recherche d’autres vaccins. A quoi faudra-t-il (à quoi faut-il) s’occuper en priorité ?
A l’évidence, la situation étant, au salut de notre économie et à celui de nos concitoyens. Les mises en résidence seront débattues plus tard; leur contestation nécessairement différée. L’insistance de certains étonne vraiment, «suicidaire» par moments, voilà le mot.
D’autres digressions, moins suspectes, mais pour l’heure tout aussi inopportunes : les tollés autour de la cocaïne et de la Coupe d’Afrique de football. La drogue n’est pas nouvelle chez nous ; elle circule même un peu partout, principalement dans les milieux d’artistes et dans les écoles. Ses caractéristiques : une médiatisation par à-coups et une certaine absence de l’Etat. Pourquoi tant de bruit aujourd’hui ? Pourquoi précisément maintenant ? Pour seule réponse encore, un effet : elle détourne de la crise et retarde, peut-être, les solutions.
La Coupe d’Afrique du Cameroun sonne, elle, plutôt faux. Déjà là où elle s’organise il y a insécurité, menace de scission, et seulement 2,8% de vaccinés corona. Mais comme perçue ici, avec les conditions que l’on sait et le fanatisme séculier du ballon rond, elle vire à l’échappatoire. A la vraie fuite des réalités.